GRAND PRIX DU MAROC 1958

témoignages inédits

Sir Striling Moss, pilote Vanwall:
29 ans en 1958

Pilote professionnel 

1. Vous souvenez vous de cette course ? Quel est votre premier sentiment sur cette course ?

Oui, je m'en souviens : je devais gagner, avoir le meilleur tour et Mike Hawthorn devait terminer en dessous de la deuxième place.
A la fin il n'était deuxième qu'avec un tour de retard, Phil Hill derrière. Et si mes souvenirs sont corrects, ce dernier l'avait laissé passer.

2. Est ce que ce circuit était différent par rapport aux autres tracés Européens et Américains ? Etait-il sécurisé ?

On ne peut pas comparer les circuits des années 50 avec ceux d'aujourd'hui. C'étaient soit des circuits urbains, soit des routes publiques, ils gardaient tout leur charme.
Ce tracé était dangereux... nous aimions tous le danger. C'était excitant ! Vous pouvez imaginer comme la vie était différente quand on acceptait le danger dans le sport automobile ! Et si vous n'aimiez pas ça, vous changiez de sport ! 

3. Bien sûr, la pression était au maximum, quelles étaient les difficultés pour vous et pour votre équipe ?

A cette époque, j’accordais toute mon attention pour le titre, peut-être trop... je n'avais pas eu assez de respect pour les autres pilotes. J'étais pour moi le seul au monde. C'était ça mon problème.

4. Pensiez-vous que la stratégie de l'équipe Vanwall était la bonne ?

Oui, car nous avions gagné la course et Ferrari n'avait pas pu nous arrêter.

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Philippe Hugon, ancien habitant de Casablanca, passionné d'automobile:
15 ans en 1958

Spectateur

1. Comment la population a perçu le fait d’organiser un Grand Prix à Casablanca ?

Pour les gens autour de moi, c'était l'enthousiasme, mais beaucoup "faisaient" dans l'auto.

Avec mes copains les plus proches, on était comme des fous.

 

2. Comment l’évènement s’est fait connaître ?

Je ne me rappelle plus, mais probablement par la presse et la radio (parce que la Telma.. .) de toute façon, chez moi, l'auto était un dada familial.

 

3. Le jour de la course, les spectateurs étaient la plupart de nationalité Marocaine, il y avait-il une majorité de Britanniques pour cette lutte au plus haut niveau ?

Je répondrai que les français étaient en majorité, notamment "le tout Casa" (casa = Casablanca, NDLA). Derrière, on dira qu'il y avait la "gratin" marocain, mais les anglais ne m'ont pas particulièrement frappés par leur présence massive.

 

4. Juste après la course, l’état critique de Lewis - Evans avait t’il gâché la fête ?

Là je ne peux répondre que pour les gens autour de moi, et c'était plus des interrogations que de la consternation. Et ce n'était pas le seul accident grave.

Je me souviens qu'avec les copains, nous en avons parlé un bon moment.

Il faut se rappeler qu'il n'y avait pas d'instantanéité de l'info, comme aujourd'hui, ni de canards spécialisés dans la course.

Il fallait attendre les journaux du lendemain, pour avoir des nouvelles, et la radio n'avait pas un bulletin toutes les heures.

Nous n'avons eu de précisions indiscutables qu'avec "L'Automobile" du mois suivant, puis, ensuite, dans les journaux spécialisés anglais (The Autocar, The Motor...) 

 

6. Plus tard, la course avait t‘elle été appréciée des Casablancais ?

Oui, les casablancais ont apprécié la course, au moins pour ceux que je connaissais, et les discussions ont duré un moment au lycée Lyautey, tant avant qu'après.

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Christian Magnanou, ancien Casablancais :
7 ans en 1958

Spectateur

1. A quel endroit étiez vous placé lors du grand prix ?

J'étais dans la tribune après le départ face au premier virage, un « droite » légèrement en pente

2. Quelle était votre vision de la sécurité à cette époque ?

A 7 ans et 1/2, on n'a pas vraiment conscience du danger, je pensais que les bottes de paille étaient là pour nous protéger et il y en avait pas mal.

3. Quel est le souvenir qui vous a le plus frappé ?

C'est sans doute l'odeur de la course, c'était très spécial peut être à cause des carburants de l'époque mais aussi le bruit.

4. Comment était l’ambiance donnée par les spectateurs lors de la course ?

Je n'ai pas le souvenir d'une ambiance particulière et je pense de toute façon qu'il y avait bien moins de monde que pour un grand prix actuel. (Exact, il y avait 60.000 spectateurs présents lors du grand prix, alors qu'en Europe, pour une course de saison, 200.000 spectateurs étaient généralement présents, NDLA)

5. Avez-vous vu l’accident fatal de Stuart Lewis-Evans (Vanwall) ?

Je n'ai pas vu l'accident de Lewis Evans, il s'est passé de l'autre côté du circuit qui était assez long et je ne pense même pas que l'on ait été mis au courant le jour même sur le circuit. (Au virage d'Azzemour, précisément, NDLA)